Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
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Mon cœur est ramassé sur lui-même Il a peur du...
15 mai 2020
Mon cœur est ramassé sur lui-même Il a peur du vol des pies Elles iront jusqu’à le dénuder, perle après perle Jusqu’à ce qu’il n’ait plus personne à aimer L’oiseau n’avale rien C’est l’orfèvre des ravissements Il emporte ailleurs la brillance Ce quelque chose qui ne m’appartient pas L’éclat des pierres noires est au soleil L’éclat blanc de l'amour aux anges enjôleurs (...) -
Quand je me lève heureuse Rien ne tombe dans...
7 mai 2020
Quand je me lève heureuse Rien ne tombe dans ma main Comme une fausse amie Elle s’éprend d’autres choses D’autres âmes De l’âme des choses Et j’essaie d’entendre L’encre des rivières joyeuses Mais elle se tait Parmi les cris qui sait un soupir, une bulle Éclatée sous mes doigts -
Par chance, mon cul a cessé d’être le centre de...
28 février 2020
Par chance, mon cul a cessé d’être le centre de gravitation du poème Ni mon ventre Ni mon corps ramassé Je l’ai distille, regardé traverser les alambics, vapeurs de femme déserte. Il avait enfin cette légèreté des mots sans rut, bois et brame, un panier de joncs tressé lâche Pour cueillir la peau diaphane des ciels et des spiritueux Finis les étreintes cagoulées, le lacet des chiens à la tire des émois Finies les violences qui réveillent la (...) -
J’attends un baptême d’étincelles. Un arbre...
10 février 2020
J’attends un baptême d’étincelles. Un arbre secouerait pour moi le diamant d’un soleil extraordinaire. Je serais mouillée, une serre de feux dans mes cheveux. Gemmes brillants semés fleuris. L’averse est riche. J’attends un matin difficile qui m’éloignerait aussitôt du tracé. Je n’écrirais plus qu’une tresse de bois d’hiver grimpant aux solives. Et chaque marche prolongerait mon corps d’échasses nouvelles. Je grandirais. Mes jambes de sève, mes (...) -
A-t-on touché le fil étincelant Que ça tombe,...
4 février 2020
A-t-on touché le fil étincelant Que ça tombe, petite pluie surprise dans son refuge d’araignée Même l’esprit de la lumière finit par glisser quand je m’en mêle Triste reconnaissance La part malade a plus d’épaisseur que la feuille sur laquelle je la pose. Ne suffit le maudit : le poème reste fluide Il ne connait des volumes que l’écho. Encore faudrait -il qu’on s’y penche… Qui donc voit encore les spirales sur lesquelles glissent les planètes ? (...) -
J’ai maintenant une nouvelle crevasse sur le...
15 janvier 2020
J’ai maintenant une nouvelle crevasse sur le côté. La marche longe une fissure de chair. Nous sommes désormais frères de sang l’abrupt et moi. On a planté dans mon pas des mâchoires de piège à ours. Je ne sais si le voyage se coud à la jambe comme des veines mais ces morsures dessinent des dents dans des cartouches de douleur. Le chemin a mal peut-être mais je ne souffre pas. Être balafre est un signe. Je suis comme la Terre. (...) -
La mort anticipe, elle brouillonne sur les...
3 janvier 2020
La mort anticipe, elle brouillonne sur les terres rouges le masque des prochains jours. L’homme foudroyé creuse le sable à la passoire d’argent. Il invente des profondeurs pour ses pensées. Cacher sous la mer sa dernière flamboyance, une idée d’amour qui se tord déjà sous l’incendie. Quelques grammes de vent, quelques pailles si longues, une cibiche. Et les plaines soudain qui dressent leurs lampes par milliers Et les bêtes rôties Les plumes (...) -
A ce bleu que le jour impose à mes épaules, à...
8 décembre 2019
A ce bleu que le jour impose à mes épaules, à l’étroitesse de ma chambre, à la courte vue de ma pensée, je ne veux pas céder. Je rassemble sous moi comme une bête ses petits, ce qui m’a fait, ce qui me fait et me fera encore. Je ne rentre pas dans la case du moment, de l’heure, de cette foutue béatitude dont il faudrait s’accaparer pour avoir le bonheur. Le bonheur se fiche de moi. Il ne m’est pas nécessaire d’être heureuse. Et je ne cours pas (...) -
Je suis« l’amoche » Un talus de viande sous le...
30 novembre 2019
Je suis« l’amoche » Un talus de viande sous le vide Mon regard biaise, que des chemins de traverse Ma bouche tord les mots, serpillière de chambre. Crachiner est un métier d’intendance. J’ai planté dans mes épaules, un cintre d’orgueil Ainsi vont les épouvantails au vent qui chasse Je suis« l’alaide » Sous les couvercles des containers, quelque chose est pourri dans le monde de moi Les félins ferraillent sur mes restes J’apprends la leçon de (...) -
Je n’ai pas fait trente-six voyages. Le monde...
22 novembre 2019
Je n’ai pas fait trente-six voyages. Le monde était fermé à double tour. À ma ceinture, pas de trousseau, sous mes ongles des résidus de fers. Quelques pas de trop et j’entrais dans la peur. Il fallait demeurer. J’ai reçu mon sac de semences, des formes ordinaires de plantes communes. J’ai joué à la pluie qui pousse. Parmi les herbes, je ne retrouve pas mes fleurs. Elles habillent la robe paysanne. Je n’ai rien cultivé. J’ai des semelles de (...)