livre des suites
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printemps
29 janvier 2017
Oiseau
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E
3 janvier 2017
E
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évasive
2 janvier 2017
il y a une inscription en moi, une courte phrase sur une étiquette de flacon, illisible braille de globules
une destination
ville, arbre ou alors toi, homme d'autres temps et d' autres voix.
une ligne simple course comme un fil tiré d'une étoffe et partout, sur tout son long, des vies s'y nouent puis s'y décrochent.
une ligne écrite à l'aiguille des cheminots ou des tricoteuses de tempête.
ce que brodent mes lèvres, celles que tu aimes (...)
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actes de jour
28 décembre 2016
chaque aube est une arche neuve. j'ai traversé la nef nocturne. je vais de sanctuaire en sanctuaire sur les falaises du jour. je quitte les cales qui voyagent pour mon tour de vigie. je regarde l'acier étal ou meuble des lumières, ce lac lent, de ma cellule droite et tanguant.
j'y cherche le point d'où commence l'assombrissement. je tourne sur moi-même aiguille de l'ombre magnétique. chaque jour je drague l'espace pour y saisir l'ovule (...)
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retour
22 décembre 2016
il est difficile,- impossible ?- de vous concentrer sur des choses pour lesquelles vous éprouvez soudain le sentiment de l'inutilité, de la vanité aussi. votre travail a été qualifié de "hors d'intérêt et de nos préoccupations"
vous voilà dans une sorte de déni de parole, de votre propre sens, déni de voix.
lentement vous vous sentez vous dissocier de votre écriture, de l'ombre de vos mots. vous vous dévêtez de votre structure, de ce qui vous (...)
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remord
17 décembre 2016
Je ne suis pas triste, oh ! Non ! Je suis plus loin encore, dans le remord de ne pas l’être mieux.
Cette lucidité que j’avale avec le miel de la lune, une capsule de conscience dans ses gélatines de chagrin. Alors, parce que coupable, de tout et de temps, je peux faire un poème. Car la tristesse ne travaille pas dans les bibliothèques du rêve. Mais le regret, combien, éveille les pages. Le regret sans raison, le regret d’un triste soir ou (...)
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Fils
13 décembre 2016
prendre ma valise
dedans le butin de la nuit
c'est-à-dire quelques grammes de Prozac
et la confier à la consigne
la cabane en papier
d'un silencieux
ma valise qui baille encore
d'un sommeil de banquise
et s'échappent un à un
les costumes de manchot volés à la température
je zippe lestement les mâchoires de ma roulotte
me restent quelques œufs de commis voyageur
comme une neige en boule dans une couveuse
le temps presse
le temps en toile de (...)
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rumination
11 décembre 2016
ils puisent dans la vieille colère des armures, des barbelés
la peur ancienne navigue à vue dans la succursale de la guerre
et cette autre visite
de bras chargés
ce souvenir
ne suffit donc pas ?
quand on avait cru que malin voulait dire futé
alors qu'on devenait le mal
les cancers pullulent comme des fruits dans le ciel de l'arbre
ils nous font des mâchoires de ruminants toxiques
l'homme indigne lustre ses sabots
et le troupeau entier (...)
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fleur comestible, disais-tu
8 décembre 2016
"l'air devient une fleur comestible" disais-tu...
Et tu conçus pour les pétales une faim définitive
J'élève sur mes tombes, des capucines naines dont les fruits au vinaigre font des hors d’œuvre plus acides que ta mort.
Par bans de jasmin, je traque le nécessaire que j'expire aussitôt, viciés jardins de mes viscères.
Je respire les distilleries de Grasse, ivre des alcools de rose indispensables à faire aux joues une impression de bon air. (...)
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neige, disais-tu
6 décembre 2016
"Formidable solitude" disais-tu.
la parole comme des corns flakes célestes tapisse la bouche et couvre ainsi la langue d'un manteau gelé.
chaque matin, balayer sa portion de territoire floconneux, une boule.
et la boule grossit amassant le froid contre elle-même, amalgame bonhomme. je sens que je déplace une montagne blanche, que je trafique des bras pour mon balai, un chapeau, un sourire aux pépites de pierre. et que la froide étendue (...)