textes de passage ... vibrations
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tisserand
3 septembre 2014
Sur le canevas, un rectangle, comme un jardin. Un espace, une parcelle qui prend sous ses doigts des couleurs et des motifs sophistiqués. Un carton qui pompe les poèmes qui coulent des mains. Il vient de là-bas, des sols terreux des maisons de Turquie. Des sombres ateliers où s’activent les gens, dans le bruit cliqueté des bois de lisses. L’enfance sentait la laine, le suint et les teintures fortes. L’enfance tissait chaque aube d’une (...) -
femme
30 août 2014
Fille, naître sans. Une absence, un manque, un trou, tant de choses qui y tombent, s’y enlisent, le puits, l’insondé. Un trou dans lequel se fourrent, s’enfouissent la violence, l’injustice, mille et une ségrégations qui ne portent pas de nom, si petites, minuscules et qu’il n’est pas sérieux de dire. Fille, naître ainsi, avec ce trou dans la tête, stupide fille, émotive fille, peureuse fille, fille moins… Entre ses paumes, des poupées, pour (...) -
prélèvement organique
29 août 2014
à l'intérieur de la rubrique : ou alors avec l'épuisette rubrique, un outil qu'on tend comme un filet et dedans quelque chose du matin. je vais carotter l'espace temps avec mon plantoir à bulbes, prélèvement d'un instant, une friche, un peu de terre. sans savoir ce qui est enfoui dans ce minuscule. bien entendu il se passera ce matin quelque chose d'extraordinaire, quelque chose d'imprévu, un événement d'importance considérable. là-bas (...) -
musique
23 août 2014
ambiance grise autour. l'intérieur peine à se réchauffer, abri de frissons. manque quelque chose. une flamme, un feu où glisser ses mains froides. tenter la mise en musique se laisser coulisser, se mettre en portée, position vrilles et hampes tournées vers le futur. monter très vite, fusillée de violons, sans terminus. atteindre un hyper ut, chapeau pointu circonflexant l'azur. serrure trouée dans l'étamine en nuage, une cloche. supputer, (...) -
Matin, écoute...
20 août 2014
Matin, il est temps de t'écrire, de passer ma main dans les doigts de tes heures, peigne féroce. râteler les feuilles d'écriture quand le reste vaque, puissant, trop, pour le corps simple de mon ennui. il est temps de dépiauter tes moelles savoureuses et de casser à l'os les charnières de l'ouvrage. on a affaire, dis-tu.. je reste sauvages bras tressés de paresse. de quoi avoir soudain envie si ce n'est de longer de l'ongle la lisière du (...) -
dimanche
17 août 2014
Prendre au sillon les pépites de l’ennui. Le soleil fait le corridor grands airs de coq à la parade Je savonne à la savate sa venue par les fentes Glissières des mirages de mascarades Je suis de jour les traces de la nuit, pas étonnant que je me perde et tire à la roulette les giratoires de la vie Parfois ça met des jours avant que d’en sortir et je suis comme un tombeau ivre Ondes sans ponts, à la dent de râteau, surgies de dessous le (...) -
en suspension
16 août 2014
Rien n’a changé, c’est ce qui vient à l’esprit. C’est faux bien sûr. Mais il y a ce même parfum des arbres, mélangé à l’eau du fleuve, qu’il sentait quand arrivaient les vacances. Ce même goût de joyeuse innocence qu’il savourait en débarquant l’été pour quelques semaines avec ses grands-parents. N’a pas même choisi de revenir ici. A la gare, la seule liberté qu’il connaissait portait ce nom, ce coin de terre inscrit en lui comme lui appartenant sans (...) -
pouvoir...
13 août 2014
de l'innocence grise des hortensias de l'air qui penche le temps vers ton bras de ce baiser tanique, amère imprégnation de mots volés à des gardiens encore gantés de génuflexions et d'encens de l'effeuillage des pas, gamelles de candeur dans le vestibule des moulins de l'approche du combat, voracité de mes dents contre le manque d'air de la secousse, du tomber de la pluie, la goutte sans arme, poisson de transparence où s'endort le (...) -
araignée du matin
10 août 2014
fractions de voyage, l'heure et ses secousses d'aiguille ce silence à temps perdu, usinage des attentes l'huile et le feu, plus loin la jetée des cendres et goutte de supplice creusant la rêverie rapporter chez soi son tissage de défaites une réponse à tes lèvres jamais qu'un peu d'eau et de carmin pour cette becquée dans l'écorce la suite dentelée des épousailles de l'air et des rosées et des veuves vénéneuses qui tendent le piège d'un (...) -
voyage suite
7 août 2014
durant la nuit une sirène continue. un bruit qui déchire mes rêves en deux pièces d'étoffe, long craquement des fibres intérieures...je réalise que je suis ailleurs. dans une nouvelle dimension. j'entends la rumeur de l'océan et de son fier à bras de vent. le matin est pluvieux. je trouve que c'est de bon augure. j'aime que le Nord me prouve qu'il est le Nord et qu'ici les cheveux frisent comme la langue "frizonnne", qu'on porte volontiers (...)