hors chants
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pluie
5 novembre 2016
la pluie est absence. une ville de gouttes, lointaine. tout disparait après la muraille de perles. derrière la vitre je la devine, cachottière, comme on dirait du cachot. je tire la langue, aucun mot ne vient me détendre. le sel, le sel. ma maison entière est levée de soif.
il pleut, c'est une frontière, une douane de flotte où ne passe pas le corps, l'ombre seule parfois, poussée par derrière, sort, une chatte peureuse.
il pleut c'est une (...)
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phares
31 octobre 2016
la chambre est close, aux ordres du sommeil. elle s'apprête en vain à passer dans le songe ; des voitures traversent la chambre.
elle se tient comme l'ombre sous les bougies, un oiseau fuyant, ne présentant son dos à aucun passant. ses yeux fixent les faisceaux tremblant de vent, pendules variables, des lentigos grevant sur les murs les fusains de la nuit. diables ciliaires, grands ouverts de crainte avant le rêve.
il y a sur elle des (...)
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la vie qui maille*
29 octobre 2016
C'est cette fenêtre. Celle de la cuisine ; une chaise laide s'y appuie. La table devant, où poser un journal, un peu d'eau. Pour moi, cela doit durer toujours. Je ne songe pas. Que le temps est compté. Je n'imagine pas que c'est la dernière semaine qu'il détricote devant moi maille après maille. Je pense que ça va durer encore et encore. Alors je me tais, comme lui. Je mets devant lui un bol de soupe chinoise, quelque chose du lointain (...)
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entrée en matière
24 octobre 2016
mélanger un peu de l'être à la chose que j'écris. croiser mystérieusement mes molécules avec celles inconnues qui veulent bien me laisser passer. métisser. alors j'imagine que dans l'infiniment grand, des planètes s'interpénètrent aussi, brassant je ne sais quel brouet incompréhensible. les choses se donnent elles aussi, nous sommes des mêmes carbones. seuils franchis. je m'assouplis au rythme des pierres, les rideaux éphémères de leurs (...)
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semences
22 octobre 2016
la lumière entre. c'est comme un gaz vivant qui s'empare de l'espace, la lumière d'un soleil qui fume et me laisse ses nappes de cendre. elle butte contre moi des semences de questions. je tasse la réflexion, il faut que ça patiente, que ça prenne terre et eau. que la combustion de la chair fasse sauter les peaux des graines, que ça travaille dans le secret terreau.
parfois dedans, le limon enserre d'une seule étreinte quelques mots. (...)
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octobre 2
19 octobre 2016
chaque arbre se donne sous la terre. doigts noués comme au ciel. de l'arbuste au cerisier, tresses communes, un amour de veines et d'eau.
sous la terre la vie s'effondre partout d'une semblable cendre. rites funèbres, je processionne vers les mêmes couches,le ventre plein de grains éclatants
se défait. je me dépouille je regarde.
– peut-être est-ce pour mieux voler qu'on s'attache, s'écroule et se réduit. pour qu'un souffle passe enfin et (...)
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octobre
18 octobre 2016
il n'y a guère plus de distance d'ici à la fenêtre qu'à toucher l'infini. je pose ma main sur le froid. l'air déjà m'emporte et fonce. là-bas sans arrêt jusqu'à Vladivostok et puis l'océan encore jusqu'à me reprendre par le cou, par derrière la tête mes phalanges serrant la carotide et mon souffle qui expulse les vapeurs du voyage.
je me tiens debout devant l'éternité, cela fait deux bras d'absolu. et je reparsà nouveau d'un élan prodigieux et (...)
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bloc 5 la volière des silences
20 septembre 2016
L’animalerie des silences tient ma voix à la longe. Couple de chair et de ciel. Ce projet sur l'horizon d'une liberté qui pousse dans un trou de serrure. Semis de blancheurs dans lesquelles chut !... Le temps.
2.
Référencer les silences. Catégorie tant pis, catégorie tant mieux. Et puis cette berne centrale qui cille dans la main, l'inventaire des branches et du pouls, chiromancie et murmure qui processionnent parmi les veines.
3 (...)
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bloc 6 une hypnose d’horloge
12 septembre 2016
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Nouvelles du front. Une ceinture de cercueils et des enfants serrés, leurs pas laissent des traces sur les pierres, lunes stériles. Comme les femmes tombent, des femmes par milliers, par troupeaux tristes, par avalanche, dans un monde de lames, de férules aiguisées au fusil où tarissent leurs sangs. Le sang neuf de vie sous les voiles ma main entre leurs poings, leur silence sacrement et la lutte captive.la peur est un faucon cagoulé (...)
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tout en questions
11 septembre 2016
on pourrait se demander en quoi une biographie serait plus narcissique que d'autres textes énumérant du je pense, je pourrais, je ferais, je suis.. comme une expérimentation de l'écriture ?
on pourrait se demander ce qu'une vidéo ajoute et en quoi elle densifie l'écriture ? qu'apporte-t-elle, qui manquerait au texte ? ou au contraire de quoi prive-t-elle le texte- imagination recréation du lecteur activation de la parole du lecteur ?
on (...)