extensions de lecture
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temps perdu
6 avril 2016
ce temps perdu qui à ce jour dévore des années
qui allonge la main jusqu’au loin des pupilles, qui désole l’immense de ses ombres mordues
ce temps perdu qui hante les salles de l’enfance, avec un pas si fort que l’on ne peut éteindre.
la perte d'un instant qu'on reporte en comptable à la page de l’éternité
aucune mouche ne survit à la tombée du jour ; on bat à peine dans l’ampoule du monde que déjà nos facettes brûlent.
comme un diable hors (...)
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le poète
3 avril 2016
3 avril 1947 naissance de alain simon
déjà je place ton nom du côté désuet du lilas
une relique, une écharpe en fibres de vers
je me contente
c'est bon que j'apprenne du fléau et des meules à moudre par contumace
la mort
qui me laisse belette et quadrilles une histoire levée au filet
hélitreuillée de frênes et de vignes
de palières en échelles
toujours pourtant tes mots grignotent le tempo
décélèrent en virtuose dans mes silences
où convergent des soleils sur patène
à l'heure (...)
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Organographie
31 mars 2016
Fin de journée.
La fenêtre est pleine du soleil du couchant. Ce sont des lampées de quartz comme des nervures sur la rétine. Une pléthore d’idoles, quelques scarabées de crépuscule, l’heure des iguanes de nuées, là-haut dans les pluies à venir. Je lace des parapets de taffetas à la jetée des ombres. Le jour s’agrippe et bave dans ces tuniques. Comme une faction avant la mort.
La lumière s’écoule, la pierrée se vide emportant ces pignes éclatées. (...)
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prises d’air
28 mars 2016
et les questions qui viennent comme des poivres, montent sous le nez, qui m'éveillent des syncopes courantes
tout à coup presque consciente, puis à nouveau dissoute dans le flux, le brouet dont je n'émerge qu'avec cette nécessité venue des asphyxies.
entre deux respirations inquiètes, je me retiens de vivre.
et bien sûr, dans cette vie non aimable, cette vie dans laquelle il faut être libre-seule et donc dans la perfection de ma nature, (...)
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flocons et mémoire
19 mars 2016
Flocons et mémoire.
Dans un carnet, tu tournes chaque jour, comme dans la rue, au revers des croisées. Tu t'attends à un but, une place. Tu espères, ne serait-ce qu'un mur où casser le braquet. Tu creuses la spirale, tu pédales, tu es dedans, la gueule sous les pages du souvenir. Tu te souviens. Te souviens-tu de tout ?
Tu les as entendus. Ils ont parlé, ont dessiné pour toi l'avenir. C'est le flou qui te reviendra, ton héritage. Leurs (...)
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taille
8 mars 2016
Taille-crayon. Prendre l'âme et sa pointe toute usée. Les traces au canif faites à l'arrachée se sont noircies. Les doigts qui devaient la manier ont-ils été si sales ou est-ce le charbon qu'il y a à l'intérieur de toi qui coule comme ça et rend les choses si abîmées ? Tu n'arrives presque plus à écrire sans te ronger le bois. Pauvre âme dont le violon la burine d'échardes ! Tu ne dessines plus de boucles légères sur la feuille mais y graves, (...)
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Et l’écho ample et violent de l’ouate.
4 mars 2016
Et l’écho ample et violent de l’ouate.
Le son s’enfonce et se perd dans les matelas de nerfs, ressorts sans acier. Il bute semble entrer dans la matière qui le digère l’ingère et l’absorbe tout entier.
Le silence résonne. Réplique de l’absence. Il en faut aussi à la manière de Cage le bien nommé qui lâche une note et l’abandonne à la merci de l’absentéisme immense. Un son disséminé jusqu’au point très lointain où l’imperceptible attend, prêt à (...)
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pluie
23 février 2016
à la fenêtre, le vaste terrain, c'est l'eau, les gouttes écrasées de la vitre, des ficelles liquides tombant droites. de l'eau unique qui grillage le pays. je suis prisonnière d'un treillis de flotte et comme pour tout captif, le barreau est le maître étalon du voyage, l'appui essentiel de chaque évasion.
je m'échappe par le filet, le bruit de perles de l'eau dans le radiateur et l'autre si délicat de cette pluie qui "chenaille"* dans la (...)
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journal
18 février 2016
passage sous la terre. te souviens- tu ce qu'on en disait ? ...manger la terre. le goût âcre qu'on a dans la gorge quand les choses sont rampantes, qu'on est comme le mort, sous la couche d'herbe, sous la motte. qu'on doit se tordre, se démener, serpenter comme à la mue pour avancer en haut en bas en haut... passer comme ça en se bouffant nos tunnels parmi. tu connais bien sûr. j'avais trouvé cette âpreté sur ta bouche. on en causait (...)
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grands mags
11 février 2016
Sur ce banc. Y rester. Prendre la pose. Faire mine… Mine c’est le mot : je viens puiser, extraire. Filonner le trafic. Filtrer. Impressions. Ceux qui entrent, d’autres qui sortent. Qui échappent. Qui s’enfuient, qui me dépassent. Désosser comme ça le passant, le caddy plein du ruminant. Une fois sur deux ça bouffe déjà une part du butin. Le traine-savate, le fils, la mère. Le vieux, la morue comme moi. La tronche qui baille et la pire qui (...)