hors chants
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sous la brume
2 décembre 2016
la neige monte du sol
comme des mustangs
une neige lente qui s'élève
une neige folle qui rampe
elle me franchit je suis une frontière facile
m'outrepasse
déjà plus lointaine encore
comme le futur, là-bas
et ce baiser d'eau blanche
sur mon corps
porte à mes lèvres la ferveur d'une lumière opaque
je balbutie ma soif
l'oiseau dessus, picore la glace jusqu'au noyau
il a un bec patineur toupillant
des paroles gelées sur un fil (...)
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pleine nuit
30 novembre 2016
cette nuit, j'ai prié dans mon ennemi. dedans.
son corps était une rivière pleine de signes d'écume et puis s'engouffrait
dans le siphon de la lune
l'évier de l'invisible était bouché ; la nuit vit d'anges défaits et la corde du seau tombait dans le puits comme un serpent s'affole dans l'arbre des lumières.
chanvre aux fibres cassées. je n'y pendrai pas ma gorge.
le mercure des mots grimpe jusqu'aux compresses de quelques nuages pour faire (...)
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c’est une nuit sans matin. crachée des...
27 novembre 2016
c'est une nuit sans matin. crachée des viscères d'un rêve dans le plat du jour. refoulée comme un objet, une carlingue d'albatros sur la plage. tombée dans cette réalité vidée de carburant. on ne vole pas de rêve en rêve sans pétrole. lampe consumée. l'inconscient m'a jetée comme un noyau indigeste. ce qui reste de moi quand c'est comme ça, c'est ce sentiment cru. je ne sais pas où me cacher d'être nue. au moins quand je force l'aube, que je (...)
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voilà.
24 novembre 2016
voilà. je touche de ma bouche le premier mot, dressé devant moi comme un domino il bute contre les dents et mon corps tout entier se projette et court. le matin tombe sur le monde,chaque lettre tire avec elle le cosmos. je parle.
voilà. dans le vent des rubans de prière. des désirs, des suppliques et le vent passe et passe encore détachant une à une leurs syllabes secrètes pour le tour de l'univers. Dieu au fond de la cour attend. (...)
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ma voix s’est endormie comme un lacet de...
18 novembre 2016
ma voix s'est endormie comme un lacet de fleuve, enroulée sur elle-même dans le fond de mon ventre, dans les recoins de mon corps. endormie très petite dans la graine même de la voix. refuge d'hiver, de gels, de blessures, là où d'étranges oiseaux braquent le silence de leurs becs, ces crieurs à la volée, ces vendeurs d'épouvante. j'apprivoise ma corneille, son œil jaune perce ma bouche. le silence est un chant qui implose.
des orgues (...)
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leçon de choses.
16 novembre 2016
les choses n'ont pas d'yeux mais des milliers de papilles qui m'embrassent, me tâtent et évaluent mon humeur et ma température sur mes empreintes digitales à chaque fois que je les affleure.
pas d'yeux, c'est encore à voir ! il en existe qui ont des vis bien placées qui me regardent si intensément que je suis obligée de détourner les miens.
je me demande s'ils respirent ?
par contre qu'ils soient dotés d'une pensée secrète qui suinte la (...)
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bruits
14 novembre 2016
sortir de la nuit comme un objet, un bruit, les talons aiguilles d'un rêve qui feraient comme ça des perforations sonores dans les lilas de l'aube. sortir avec la porte, la prendre avec moi, comme une échelle. je la poserais n'importe où dans le paysage ou dans le temps. je la passerais et changerais aussitôt de tumulte. sortir de la nuit, le réveil comme un cœur qui bat trop fort, au point de l'alarme- il y a des bijoux qui embaument le (...)
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elle
12 novembre 2016
Jeanne, Jeanne. Notre-Dame des enfants morts dans ton ventre et que tu remercies en secret de s’en aller de toi sans naître. Fausses couches bénies comme si la malédiction d’être femme pouvait être soudain soulevée. Comme si la vie, imparfaite ou infirme,- je ne sais pour quelles raisons les fœtus s’éclipsent du ventre de leur mère-, t’épargnait et ne voulait pas encore alourdir tes souffrances d’un enfant malade. Notre-Dame des petits qui ne (...)
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méditation
9 novembre 2016
Méditation
Transformation. Poser le corps sur la natte, le sol. Certains restent assis, d’autres se déplient.
Pousser de la plante du pied le mur du lointain, repousser. Chercher une longueur de plus, un pied six pouces de grandeur améliorée au corps tassé. Grandir comme une vis parait soudain s’étirer et que c’est illusion. Un chemin qui monte, façon Escher, pour redescendre par derrière. Pousser, tenter secrètement de déboiter les tibias (...)
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le personnage
6 novembre 2016
Non, on ne va pas nous confondre. Nous n’allons pas nous confondre, assurément non. Même s’il va falloir que j’enfile ta peau. Que je t’emprunte toute entière, toi tes os, ton corps boiteux, déhanché raidi. Que tu me loges, m’abrites, me nourrisses. Jusqu’à ce que j’en devienne presque toi. Presque. On ne va pas croire un instant que j’ai pris possession de toi, au point de ne plus savoir qui finalement je suis encore. Je suis en corps. Nos (...)