Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
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journal de l’aube 648
3 décembre 2016
des gosses dans la cour même les enfants ont changé le jeu des mots ils hurlent à tout propos - la peur-, et ne savent plus le bonheur du secret. ils ont des oreilles sans parabole. et dans le désert qu'est le vacarme, les verbes disparaissent parmi les buées nucléaires. je ne sais qui vivra dans "s'entend" l'herbe électrique crisse sous les socques froides et nous comme des zips brûlants attachons le ciel à la chaise des morts je laisse (...) -
journal de l’aube 647
1er décembre 2016
je veille les minutes de silence. dans mes yeux, deux cierges, vacillantes buées de la cérémonie. les minutes circulent sur l'orbe de la bouche, au taquet du temps. une à une mes dents tombent, boules d'ivoire dans les poches du grand billard. je ramène mes genoux, je les déploie jusqu'au nid, mes gestes parlent l'oiseau. la route, derrière l'enfance, s'efface sous le pas des Indiens. entre les mains, leurs gommes en épines de sapin. (...) -
journal de l’aube 646
29 novembre 2016
je monte volontaire, sur la machine à remonter la chambre. la selle est dure et froide. mes fesses grasses dessus plaquées, j'actionne. il s'agit d'élever la vie à la pédale, comme un rideau de scène antique. mes mains portent encore les digitales du songe. je gante. la chambre avec vue est à dresser. je suis dans la nuit centenaire sur le véhicule sans ombre. j'écoute le roulement monocorde qui m'engrène. traverser la chambre peut prendre (...) -
journal de l’aube 645
26 novembre 2016
sur la table, des boites, des fioles, des mouchoirs, une tasse, la nappe vieille. le rideau enveloppe le pays. ce sont les brouillards de la dentelle. le long des vitres, les rides des gouttes. la vue est gravée de fleuves. je ne franchis pas le verre, deux transparences qui s'embrassent rendent le monde opaque. et du froid que je ne sens pas, j'apprends la chaleur de la chambre. je serre les pans de ma jaquette, je croise les bras (...) -
journal de l’aube 644
23 novembre 2016
il faut sortir de l'eau, comme de la nuit où l'on respire par les branchies du rêve. toute la mer coule en bas des épaules, jusqu'au pas. il faut naitre, pousser ce cri désormais si profond, si retiré en soi qu'on en vient à se croire muet. il faut développer son corps, comme s'étire une mue, dévêtu d'une lune de plus, d'une orange acide qui roule décalottée s'effondrer à chaque aube. il faut surgir, rassembler les outils d'os, les cris de (...) -
journal de l’aube 643
19 novembre 2016
je traverse un eau intacte, intacte c'est-à dire qui ne fait pas ce bruit qu'on entend dans ce mot et qui claque. dedans les corps assoupis de mes morts, aussi sages aussi raides que l'obscur. chaque nuit je traverse, sans la défaire d'ourlets d'écume et de colliers voyageurs, la place où dorment les fluides du connaitre. je marche sur le lac sans le comprendre, sans l'étreindre. je ne frôle même pas sa surface plane et mystérieuse, je (...) -
journal de l’aube 642
17 novembre 2016
La mauvaise humeur me va comme un coup de fouet sur la croupe des juments. Ça m’ébroue la cervelle, cabre le sabot ordinaire de la bête. Je sursaute de traits, de points, de tous mes guillemets. Au naturel, je suis un peu d'ombre qui trempe dans un verre d'eau, un chalumeau fluo, entre la fonte et l'apparence. Mes mots sans saveur ont le PH neutre des excipients. On me boit et l'ombre disparait effacée sous vos lèvres. Tandis qu’un brin (...) -
journal de l’aube 641
13 novembre 2016
je monte sur le vélo, je pédale. on dit que pédaler c'est être dans l'embarras. moi je pédale pour me lessiver. me lessiver de la nuit, de ces traces noires qui ne s'en vont qu'en frottant l'air autour à coup d'étriers. je pédale avec force. je pédale avec application. parce que j'essaie de quitter la pièce. que la pièce me retient que la nuit me colle au train. je peux parfois même faire la danseuse. un col, une grimpée. le but c'est la (...) -
journal de l’aube 640
11 novembre 2016
café pain médoc, l'aube est une étagère. je prends je saisis le réveil par les outils. des boîtes, des choses qu'on avale. au fond rien d'autre. il faut ingérer l'aube, la mâcher, la touiller la déglutir.. après dedans ce qu'elle fiche en moi, comment je vais la broyer ou la faire fondre dans l'acide, je m'en fous. ce sont des actes nécessaires. la mise à feu du matin. carburer. en passer par là, comme un véhicule sur la réserve. petite (...) -
journal de l’aube 639
7 novembre 2016
à l'intime liqueur nous sommes conviés, comme des estuaires de fleuves fleurissent parmi des joncs. confiés pareil, dissous, dans les étrennes de nos soupirs. nous pensons nous étendre, devenir plus étreints de la terre et du ciel. nous pensons au large auquel il va falloir céder nos terres charnues, nos socles de pierre. nous pensons à ce baiser d’alligator qui brille à la surface endormie du soleil et qui fera craquer le squelette du (...)