Je sens trembler sous le pelage du chat le braille du plaisir
J’ai sous la main le stylet silencieux de son message
Je vibre d’une onde minuscule mêlant ma corde aux laisses des bêtes
Prisonnière domestique et puis neuf tambour de l’autre côté des peaux
Je poursuis,
plus loin
Je ronronne des ronds d’univers
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journal de l’aube 638
3 novembre 2016
des faux-pas, l'un derrière l'autre tracent l'ivresse d'avoir bu le rêve. je marche pliée mes épaules suspendues aux pantographes des vieux voyages. qui regrettera le trou songeux des nuits sans devenir, qui regrettera les images ? je marche dans les tirants de route, dans les biaises, l'âme en sourdine qui a tangué, je reviens des prés de roseaux où écrire trempe forcément son doigt dans un derrick noir. je reviens courbe informe sur le (...) -
journal de l’aube 637
28 octobre 2016
un à un les moellons de la nuit arrachés, derrière un autre mur. gigogne de solitudes des bulles enfantées au sexe des mots. les anges passent, voleurs de briques. je parle bien sûr phylactères antiques gravés comme les talismans du silence et regarde étonnée toujours combien ce jour est fatigué d'hier je découpe la citerne à la fraise dedans l'espace de la soif (...) -
journal de l’aube 636
26 octobre 2016
vol de nuit. dans la chambre froide grandissent, vertes colonnes, les stèles du rêve. on y grave avec peine les dates de l'aurore et du crépuscule, l'endroit et l'envers de mes yeux. des trombes de silences déferlent et arrosent le pré où je suis endormie, muette surprise parmi les feuilles. les éclaboussures des bouleaux partout refont ma couche. c'est la tempête jaune des disparitions. une main sème la pluie, graines d'aigres (...) -
journal de l’aube 635
21 octobre 2016
je sors, la nuit ressemble à un jardin envahi. une machette à la main je débroussaille. il pousse des murs épais comme l'étoupe des industries. je porte le vêtement de toile, ficelée jusqu'aux ongles des fibres stellaires. quelque chose de lourd tombe parfois des transparences, il faut veiller. je sors par l'épaule, me glissant dans les falaises du matin, j'ondoie creusant mon ventre. je plie mon corps origami. je porte la respiration en (...) -
journal de l’aube 634
20 octobre 2016
Le mot m'empoigne, lumière crocheteuse. Il enfonce son passe-partout dans tous mes pores. Il entre, lève l'écrou. Le voilà qui passe, de la veine du cou à la trachée, qu'il déglutit mon esprit, petite secousse de salive. Une boule mystérieuse comme un silence rond et lourd, une bille de verre qui descend sous le plexus, y loger son éclat. Et cet œil qui dort dedans. Un mot m'empoigne. Il entre, il m'oblige à fréquenter les cavernes du sang. (...) -
journal de l’aube 633
18 octobre 2016
de cet épuisement qui prend aux gencives, ces incises dans le souffle. nids de poules cahots le pire soulève le meilleur. des routes, pourquoi pas déroute ? laisser filer le mot goujon du temps, suivre son cours, l'or est au terme, un or de soleil rasant la glace. la chambre est percée de meurtrières, avec leur pistolet de dame, qu'elles tiennent gantées comme des porte-cigares. la fumée leur pend au nez avec des cordes pleines de morve. (...) -
journal de l’aube 632
24 septembre 2016
L'aube sarcle le jardin des colombes. Du nuage pâle s'envole là-bas à la flèche des mains, un tir éperdu des harpons de lumière. Je ramène le cachalot du rêve. Trois juments percheronnes aux cheveux longs et coiffés descendent de la peine, cortège précieux que l'on fait sur les ongles. La route est une ville qui aurait perdu ses maisons, une tige sans graines ouvrant la terre à semer. Labour sans enfant L'aube bêche drue, violente, et mes (...) -
journal de l’aube 631
19 septembre 2016
Il n’y a pas de meilleure pluie que celle qui lave les rêves. Nous dormions. Nous avions nos âmes très sales, comme des langes de poussière. Nous les avions sur la bouche, sur la poitrine, des bandelettes pour ficeler nos respirations ; nous étions des porteurs de désert. Et puis le Temps est venu comme un grand chameau, un mulet, un ours, je n’ai pas compris. Il a brisé la route de ses pas a pulvérisé le voyage. Dans nos mains, il ne (...) -
journal de l’aube 630
16 septembre 2016
Je trie dans mes robes l'ombre à porter parmi les ombres. Choisir la tristesse accordée à ces figures, le monde, puis accorder ce murmure au diapason d'effrois. Mon corps vibre à la corde de ces enfants pendus, des femmes entissées de poussière. Je porte mon désert moi aussi, comme une parure sèche, les fanes de l'âme, coupées sans récolte. J'enfile le sac des chanvres usés, la robe en tissu de bâillon. Me teins de silence, trempée souillée (...) -
journal de l’aube 629
15 septembre 2016
Ce que je vois c'est l'absence de la chambre, qui reste couchée ailleurs, seul ce point d'incandescence d'une ampoule qui ronge les os de l'obscur. Ce que je vois c'est le rempart épais des sommeils et mon chemin de rondes et de blanches, ma bouche et ses pointures de chapeau. De quoi suis-je sonnée ? Ce que je vois c'est le cercle au sol des magies de l'alerte, à franchir sous tous les prétextes, ma tâche de passe-muraille quand je vais (...)